Compte rendu de la 1ère conférence scientifique internationale
« Les troupes russes en France et dans les Balkans (1916-1918) dans l’histoire
et la mémoire de Russie et d’Europe »
Moscou 16-18 mai 2019
L’association La Courtine 1917 a été invitée à participer à la 1ère conférence scientifique internationale « Les troupes russes en France et dans les Balkans (1916-1918) dans l’histoire et la mémoire de Russie et d’Europe » qui a eu lieu à Moscou du 16 au 18 mai 2019.
Cette conférence était organisée par l’Association de la mémoire du Corps expéditionnaire russe (CER) et le Musée central des forces armées. Cette association a été créée en 2018 à Moscou par des descendants du CER et des chercheurs étudiant son histoire à des fins mémorielles et éducatives.
Le conseil d’administration de La Courtine 1917 a décidé de me mandater pour la représenter à cette conférence. J’étais accompagnée par Bernard Veyssière qui m’a aidée pendant la conférence, pour répondre aux nombreuses demandes.
Nous avons été accueillis à l’aéroport international Cheremetievo de Moscou par Sophia et Elena, jeunes étudiantes et Alexandre Missonov, descendant d’un soldat de la 3ème brigade, qui nous ont conduits jusqu’à notre hôtel. Une autre française participant à la conférence à titre personnel est arrivée en même temps que nous. Le trajet de l’aéroport jusqu’au centre de Moscou (30 kms) a duré plus de 2 h 30, les embouteillages étant très importants !
Le cadre de la conférence
La conférence se tenait dans la Maison de l’émigration russe. Elle réunissait des chercheurs, des historiens, des archivistes, des muséologues, des étudiants…, mais aussi des militaires et des descendants de différents pays : Russie, Grèce, Serbie, France, Daghestan, qui ont pu pendant 3 jours présenter leurs études et analyses ou leurs archives sur l’histoire du Corps expéditionnaire russe pendant la 1ère guerre mondiale.
Les communications
La Conférence a débuté par les messages d’accueil des autorités russes ou de leurs représentants (Président de la fédération de Russie, ministères de la Culture, de la Défense) suivi de ceux des fondations ou associations de descendants du CER, et par Madame N. R. Malinovskaïa, Présidente de l’Association de la Mémoire du Corps expéditionnaire russe (1916-1918), fille de Rodion Malinovski, en 1916 jeune caporal du Corps expéditionnaire russe, et qui deviendra plus tard Maréchal de l’Union soviétique.
Les communications étaient organisées suivant plusieurs thèmes :
Les recherches documentaires, bibliographiques, historiques,
Le CER dans les musées et les archives,
Les exploits militaires du CER,
Le CER et les prêtres orthodoxes,
La place de l’art dans le CER,
L’organisation des secours aux blessés, le rôle des médecins et infirmiers
La conservation des nécropoles des soldats morts.
* En introduction, Maxim Chiniakov, maître de conférences en histoire, secrétaire scientifique de la Fondation pour la mémoire du Corps expéditionnaire russe en France, a dressé un bilan de l’avancement des recherches documentaires et bibliographiques. Ces recherches littéraires ou historiques constituent une base documentaire importante et sont loin d’être terminées, compte tenu du volume important des archives publiques et familiales éparpillées dans tous les pays où vivent les descendants des soldats du CER.
* La conférence s’est poursuivie par des interventions d’ordre général sur la stratégie politique et militaire pendant les 1ère et 2ème guerres mondiales. Au cours de cette première conférence, un accent important a été mis sur les faits d’armes des combattants du CER en France et dans les Balkans et en particulier sur la « Légion russe ». Rappelons que cette légion a été créée par le commandement russe au début de 1918, après la mutinerie des soldats russes à La Courtine de septembre 1917 et que les effectifs de cette légion étaient inférieurs à 500 hommes. En ce qui concerne les événements de La Courtine (retrait des troupes russes du front, envoi à l’isolement de 10300 soldats dans le camp de La Courtine, mutinerie des troupes à l’été 1917), ils ont été mentionnés à plusieurs reprises dans diverses communications. Il a été annoncé que la mutinerie des soldats de La Courtine serait examinée lors d’une future conférence.
* Plusieurs communications concernaient le sort des soldats russes après la guerre et sur les problèmes liés à leur rapatriement en Union soviétique. Bien documentées, elles étaient fondées sur des archives et sur des lettres de soldats russes pendant et après la 1ère guerre mondiale. C’était le cas de celle de Mme Botcharova, docteur d’Etat en histoire, professeur à l’Université d’Etat Lomonossov à Moscou, qui a expliqué les démarches effectuées par les soldats et officiers auprès des autorités avant et après leur rapatriement en URSS.
C’était le cas aussi de celle de Rémi Adam, docteur en histoire, qui a exposé un sujet sur la déportation des soldats russes en Algérie de novembre 1917 à septembre 1920 en lisant de nombreuses lettres de soldats faisant état de leurs conditions inhumaines de vie et de travail.
L’intervention de Jean-Claude Fombarron, professeur à l’Université de Nancy a expliqué de manière précise la dissolution des bataillons russes en Lorraine, et celle de Gwendal Piégais, doctorant à l’Université de Brest, a porté sur le combat des 24000 soldats russes en Macédoine.
* Deux sessions ont été consacrées d’une part à la place de l’orthodoxie et à l’intervention des popes dans le CER (par exemple pour la réalisation d’églises en bois démontables !), et d’autre part à l’art (musique, peinture…) auprès du Corps expéditionnaire russe.
* Les secours aux blessés sur le front ont été traités par plusieurs intervenants. Entre autres, celle de Mme Vedenskaïa, docteur d’Etat en mathématiques et physique, fille d’un médecin militaire ayant combattu dans le CER et la Légion russe relatant, à partir d’archives familiales, le parcours de son père sur le front et à son retour en URSS, et celle de M. Morozov, docteur en histoire, Président de l’association des descendants de combattants de la 1ère guerre mondiale, décrivant les blessures de son grand-père.
* En ce qui concerne les nécropoles, la mise au point d’une base de données recensant les tombes identifiées de soldats russes et leur localisation s’avère extrêmement compliquée, car il n’existe pas à proprement parler de cimetières de soldats russes et la nationalité des soldats n’est, le plus souvent, pas indiquée. Par ailleurs, de gros problèmes se posent quant à la conservation et l’entretien des stèles.
La conférence s’est terminée par une résolution en 21 points. Parmi ceux-ci : publier les actes de la conférence, créer un site internet et organiser une 2ème conférence en 2021 pour les 100 ans du retour du corps expéditionnaire russe.
La Courtine 1917 dans la conférence
Nous étions invités en tant qu’association La Courtine 1917. L’Association de la mémoire du Corps expéditionnaire russe (CER) a été créée il y a seulement 2 ans. De ce fait, elle est intéressée à connaître les travaux et activités de notre association dont la création est antérieure.
J’ai pu présenter un message de bienvenue au début de la conférence et un de remerciements à la fin. Pendant les pauses entre les sessions, nous avons pu présenter nos publications (livres, Les Cahiers de LC 1917….) et discuter de nos réalisations et nos projets. Ainsi, de nombreux participants russes sont venus nous voir pour consulter les publications et nous demander des renseignements sur la mutinerie des soldats russes, sur la recherche de leurs ascendants restés en France…
Les visites
Le jeudi soir, nous étions invités au Musée central des Forces armées de la Fédération de Russie où nous avons visité les salles consacrées à la 1ère et à la 2ème guerre mondiale.
Le vendredi soir, les participants étaient invités à une croisière sur la Moskova, qui s’est déroulée sous un temps magnifique, ce qui nous a permis de voir Moscou sous un autre angle et d’avoir des discussions nombreuses.
Conclusion
Nous avons été très bien accueillis comme représentants de La Courtine 1917. Cette conférence était très intéressante et très bien organisée. Nous avons pu présenter largement l’association LC1917 avec les documents que nous avions emportés, nouer des contacts avec des historiens, des étudiants, des directeurs de musées, des descendants de soldats russes.
En participant à cette conférence, notre objectif était de nouer des premiers contacts pour pouvoir poursuivre les travaux entrepris en Russie et en France, et cet objectif a été atteint.
Compte rendu établi par Marinette Veyssière