Samedi 25 avril 2015 sera inauguré à Courcy un monument commémorant le sacrifice de 6000 soldats russes pendant l’offensive Nivelle d’ avril 1917. Cette annonce a été faite officiellement par Mr Alexandre Orlov ambassadeur de Russie. La statue représentera un simple soldat.
C’est à Courcy jeudi 17 avril 2015 à l’occasion du vernissage de l’exposition sur le corps expéditionnaire russe que Mr Alexandre Orlov ambassadeur de Russie a annoncé l’inauguration officielle du monument dédié aux 6000 soldats russes tombés pendant l’offensive Nivelle pour reprendre aux allemands le village, la verrerie et le fort de Brimont. Ce fut une des rares unités lancées dans cette monstrueuse attaque-suicide qui atteignit ses objectifs au prix de 2000 tués et blessés par jour !
Cette inauguration qui aura lieu dimanche 26 avril 2015 mettra un terme à une valse-hésitation qui dure depuis plusieurs mois entre les autorités françaises et russes. En effet, la statue qui représente un simple soldat tenant dans ses bras une fillette et un ourson ( chacun donnera la signification qu’il veut à cette peluche ) a fait les frais de la mauvaise humeur entre nos deux pays occasionnée par le conflit récent en Ukraine. C’est son Excellence Monsieur Vladimir Medinsky Ministre de la Culture de la Fédération de Russie avec Madame Martine Jolly maire de Courcy et son conseil municipal qui inaugureront le monument.
La page semble donc tournée et la statue va enfin pouvoir sortir de son hangar secret où elle est restée remisée depuis de nombreux mois. On la doit au sculpteur russe Alexandre Taratynov qui s’est inspiré d’une photo d’époque montrant un soldat tenant une petite fille par la main.
Bien entendu, notre association qui était présente ce 17 avril à Courcy salue cette représentation symbolique en bronze. Elle promeut l’image de la paix plutôt que celle de la guerre.
Cette exposition est à l’initiative de la municipalité de Courcy avec le concours de l’ ASCERF, du musée du fort de la Pompelle et de collectionneurs privés. A signaler aussi la participation de descendants de soldats. Ainsi, Mme Claudine Cimatti expose le journal de guerre de son grand-père Sergeï Ivanov de la 1ère brigade. Voici ci-dessous avec son aimable autorisation 2 poèmes extraits de ce journal traduits par Danièle Carrance de notre association. Ils ont une étrange résonnance avec ceux écrit par le soldat Stephane Ivanovitch Gavrilenko dont le journal vient d’être publié. On y lit la souffrance de l’exil mais aussi le besoin irrepressible de liberté
Granville le 28 mai 1917
на чужбине En terre étrangère
Le soir descend, triste et doux
Des mouettes esseulées volent vers le rivage
Un ciel de plomb plane au-dessus de la mer, mystérieux
Une chanson douce s’envole vers les nuages.
Ce sont des soldats russes qui l’entonnent,
Des frères, des camarades dans leur quotidien de soldat
Sur les sombres rochers de Grandville .où j’ai bien appris ce qu’est la beauté.
Et la chanson s’éteint, voix mystérieuse,
Elle me trouble le sang, ravive ma douleur.
En Russie, en Russie, me murmure à l’oreille
La mystérieuse, étrangère mais aimable falaise.
Mon cœur frissonne, au fond de lui il s’ouvre,
Mon âme s’envole vers toi patrie
Chère, bien aimée, je me consume
Loin de toi je dépéris.
Granville le 10 mai 1917
Заброшенный Abandonné
Abandonné (ou rejeté) par la vague violente de la vie
Sur une terre étrangère, je vis dans les tourments, plongé dans la tristesse,
L’aube de jours lumineux dans ma patrie m’enthousiasme,
Je caresse dans le fond de mon âme le rêve
Que bientôt s’épanouira une grande Russie,
Qui dénoncera la pauvreté et la misère,
Et que verra le jour une patrie puissante
Avec tout un peuple dans la beauté de l’amitié.
Que resplendiront les pousses de blé dans la lumière de la rosée.
Le peuple, débarrassé de son joug, reprendra son souffle.
Librement, fortement, à l’aube d’une nouvelle vie
Où il entrera la main dans la main.
Mais moi, je suis ici, loin, abandonné, oublié.
Je ne suis pas déshonoré, je ne suis pas intoxiqué,
Je suis ici, loin, mais toutes mes pensées s’envolent
S’envolent là-bas vers ma patrie !
Dans les bras de ma bien-aimée Patrie,
Là-bas, là-bas où vivent tous les miens.
Granville Manche